A six mois de l’échéance de la quatrième édition du Rallye des Coteaux, contrariée en 2020 du fait de la pandémie qui perdure en 2021, les enjeux sont cruciaux pour l’association du Racing Auto Moto Passion et ses membres. Julien Costerousse, Président du R.A.M.P. revient sur les impératifs d’une telle organisation et explique en quoi consiste le rôle des commissaires de Course. Interview du mardi 16 mars 2021.

Bonjour, Julien Costerousse, tu es à la présidence du RAMP depuis quand et pourquoi as-tu pris cette présidence?

“Je suis arrivé en 2010 lors de l’organisation du premier rallye Mauves-Plat. Nous collaborions avec les gens de Plat jusqu’en 2015. Finalement j’ai été président de cette association durant deux années, 2013 et 2014. Comme dans toute association, il existe des mésententes ; il y en a eu avec l’ASA Ardèche. Nous avons abandonné le rallye voiture. Du coups, en 2016, ce fut une année “blanche”. Finalement, chacun avait un projet à défendre pour le devenir de l’association. Nous avions déjà un bon pool de motards au sein de l’association, assez pour proposer cet événement moto. Après renseignements pris auprès de la FFM, nous nous sommes lancés. Tout naturellement, ayant proposé ce projet, je suis devenu le président du RAMP après avoir clôturé, en tant que dernier Président du rallye voiture, l’ancienne association dissoute. Au total, cela représente 12 années de bénévolat, un diplôme de commissaire de course depuis 2017, des licences entrainement FFM  mais aucune course.”

Quel est le profil type, par énumérations, des qualités requises d’un commissaire de course ?

“Selon moi, sans hésiter, la principale des qualités d’un commissaire de course : avoir et savoir garder son sang froid. Il faut comprendre ça dans le sens où l’intervention peut être bien pire que la non-intervention… Cela implique donc de savoir prendre du recul, d’analyser la situation froidement avant d’intervenir ; en d’autres termes c’est savoir ce qu’il y a à faire et dans le bon ordre.

Une autre qualité incontournable : le sens du travail en équipe. Il faut savoir communiquer par radio, savoir ne pas couper la parole surtout avec un appareil à distance, communiquer et intervenir à bon escient.

J’ai quand même envie de préciser que la passion de la moto n’est vraiment pas obligatoire. En effet, beaucoup de commissaires de course ne sont pas issus du monde de la moto. Ils nous rejoignent chaque année car ils y trouvent, au sein du RAMP lors du Rallye routier des Coteaux en particulier, de la convivialité et une superbe ambiance. Il s’agit d’un événement assez atypique pour les bénévoles car en “one shot”. “

A quel âge peut-on devenir commissaire de course ? faut-il être licencié de la FFM ?

“Bien sûr, il faut forcément être licencié F.F.M. car tu passes ton examen pour être commissaire. Ensuite de quoi, il faut prendre ta licence officielle à l’année ou à la journée.

L’âge minimum requis est de 16 ans pour les licences officielles, 35 euros à l’année et 20 euros pour une manifestation.

En quoi consiste la formation et sur quelle durée ?

“La durée est une journée. Le lieu est un moto club si plus de 10 personnes sont inscrites pour pouvoir ouvrir une session de formation. Alors elle se déroule dans le local prêté par le moto club organisateur. Un formateur se déplace.

La journée implique une partie réglementaire bien sûr : les différents drapeaux à manipuler quand et pourquoi, les règles de bords de piste. Il y a également une grosse sensibilisation sur les interventions sur piste : à quel moment, comment communiquer avec quel(s) code(s). Il faut les connaître ; il s’agit d’un langage radio EPS, comme on le ferait avec les pompiers avec le brevet des premiers secours. La partie théorique est axée sur la sémantique : ce qu’il faut dire, les drapeaux à agiter, ce qu’il faut vérifier puis les interventions sur la piste.

A l’issue de la formation, un examen en forme de “QCM” clôture sur tous les points appris durant la journée. Personnellement, je ne connais pas grand monde qui n’ai pas réussi cet examen … Du reste, cette formation est suivie parfaitement car elle intéresse les gens qui s’y inscrivent.”

Que doit faire un commissaire de course avant les épreuves ?

“Lors d’un rallye routier, au RAMP, un commissaire ne sera jamais seul ; il sera toujours accompagné d’un débutant. Il ne sera donc jamais alone à son poste sur la route.

Ils devront être à l’heure : un briefing se tient avant de partir sur les postes des spéciales par le directeur de courses : c’est le moment de passer en revue et revoir les consignes de sécurité, piqûre de rappel, à l’ensemble du pool de commissaires. Il s’agit également d’évoquer le timing du rallye, d’insister sur les principales exigences de sécurité. Puis les bénévoles vont recevoir leurs affectations. Là, il existe deux solutions : soit ils partent en spéciales avec le directeur de la spéciale, avec un discours plus spécifique, soit ils sont placés sur d’autres points stratégiques. Dans le premier cas, les commissaires reçoivent des directives plus pointues sur le fonctionnement, le directeur précise ce qu’il attend d’eux et explique les conditions particulières et le déroulement.

Ensuite de quoi, il y a la remise de tout le matériel nécessaire : radio, schémas, papiers inhérents à la spéciale. Sur place, ils réalisent des tests d’appel de leur poste, vérifient l’équipement pour être sûr d’avoir tout, scrutent une dernière fois l’état des extincteurs, la présence des drapeaux, sifflets, chasubles. S’il y a le moindre problème, il exprime au directeur de la spéciale, lors de son passage, ses points de difficultés.

Mais attention : toute modification sur un poste implique une grande communication avec des codifications précises. On ne dit pas n’importe quoi.

Les divers postes de commissaire de course sont attribués par l’ organisateur technique. Certains postes ne peuvent pas être couverts par de jeunes initiés. Ils seront donc attribués à des commissaires expérimentés, reconnus pour leur autorité, connaissance, expérience. Exemple de poste sensible : zone spectateurs. Bien entendu, il est tenu compte des affinités pour que les binômes fonctionnent au mieux, techniquement, pour la sécurité, et pour la bonne ambiance.

Évidemment, l’exigence d’une telle organisation sportive nécessite la présence active d’autres personnes, autres que les commissaires de piste : exemples les contrôles horaires, les points stop, etc. Il faut jouer positivement des personnalités et des compétences de chacun.”

Que doit-il faire pendant les épreuves ?

“En course pour un rallye routier, il faut que tous les virages soient à “vue” des commissaires. À chacun des postes, le binôme a la responsabilité de tous les virages qu’il voit : les deux personnes sont là pour assurer la sécurité des concurrents, des spectateurs, sans oublier la sienne. Ils sont là en cas d’accident pour mettre en pratique ce qui a précisément été expliqué lors de la formation. Le commissaire de course en titre doit apprécier la juste situation, prévenir le numéro de poste et la raison. En amont, il doit agiter le drapeau pour éviter le sur-accident. Si l’accident est avéré et qu’il y a détresse sur la route, du moment que l’alerte a été donnée auprès de la direction de course, là, à ce moment-là seulement, avec sans-froid, le commissaire de course va pouvoir intervenir. Il ne doit pas se mettre lui-même en danger. Il doit avoir en tête la réelle dangerosité d’une course non stoppée. S’il y a un feu, il doit savoir utiliser l’extincteur. 

Cela s’appelle : savoir gérer l’instant de l’accident. Cela signifie donc être dans un timing juste pas trop vite pour ne pas se mettre en danger mais suffisamment rapidement pour éviter le sur-accident. Le Commissaire de course confirmé doit savoir ne pas être en panique. Alors voir un premier accident de sa vie pour un commissaire de course non expérimenté peut provoquer une perte de ses moyens.

Le commissaire de course et son adjoint assument aussi la gestion de la zone identifiée de leur poste : exemple, à tel endroit bien identifié, il ne doit pas y avoir de spectateur. Ils doivent donc gérer le flux de personnes sur zone.”

Que doit-il faire après les épreuves ?

(Le cri du cœur …!) “..Partager un grand moment de convivialité (rires).

Plus sérieusement, le commissaire et son adjoint s’occupent à ranger, à débarrasser le poste de la spéciale, le laisser propre. Ils peuvent débriefer éventuellement. Ils doivent signaler s’il y a une pollution particulière. Pour finir, ils remplissent et ramènent les poubelles au QG. Bien sûr, ils dérubanisent la zone.”

Quel est le rôle exact d’un commissaire de course et que peut-on lui demander sur l’année ?

“Beaucoup de nos commissaires “du cru” ne sont pas spécialement des motards(es). Aussi, avec leur engagement, une formation, on les souhaite sur d’autres courses pour amortir le tout car les gens donnent de leur temps. On souhaite donc qu’ils puissent participer quand ils le peuvent tout au long de l’année. La LJO est une licence pour faire une seule course, à la journée, et se trouve donc moins chère.

Par contre, si au sein du RAMP, les personnes déjà formées décident d’aller sur d’autres rallyes, d’autres courses (il y en 4 en Rhône-Alpes), alors là on leur payer la licence à l’année. Mais c’est aussi une spécificité du RAMP je le précise …”.

Quels sont les engagements d’un commissaire de course ?

“Oui précisément, une fois que la FFM a investi sur eux par la formation, il est bien que ces nouveaux commissaires prennent l’initiative de découvrir d’autres catégories très enrichissantes aussi, comme les courses de côte ou autres. C’est donc important de faire vivre toutes les courses et la FFM a un impérieux besoin d’avoir de nombreux commissaires. Et puis il s’agit aussi d’un contrat moral : des personnes ont donné de leur temps pour les former, théorie et pratique ; il est donc normal d’avoir cette notion d’amortir un tel investissement par la poursuite des commissaires sur diverses courses.

Les personnes “du cru” qui ont pris leur licence à la journée ont envie de revenir et en parlent.”

Comment recrute-t-on des commissaires de course ?

“Sans hésitation, au sein du RAMP, par le bouche à oreille. Cela amène à faire de nouvelles rencontres, de nouvelles connaissances avec des motard(es). Ce sont des occasions données au fil des rencontres. C’est vrai que nous faisons de la promotion sur les différents sites mais le bouche à oreille marche vraiment très bien dans notre milieu sportif.”

Combien faut-il de commissaires de course et sur quelles épreuves ?

“Parlons rallyes routiers. Il y a deux spéciales par rallyes à fournir, soit en moyenne 15 postes de commissaires titulaires donc 30 commissaires binômes par spéciale. Au total, nous devons compter sur 60 commissaires de piste puisque deux spéciales. À cela, un commissaire de piste peut officier soit en départ de rallye, soit à l’arrivée, aux contrôles horaires des spéciales, au départ de celle-ci, au point stop également. Enfin en dernier : les contrôles de passages en dehors du rallye qui se pratiquent sur le parcours routier traditionnel afin de voir si les pilotes passent bien au bon endroit : là il faut prévoir un commissaire de course voire idéalement deux.”

Pour la saison 2021, de combien de commissaires de course “titulaires” as-tu besoin? et combien de suppléants accompagnateurs?

“C’est simple : 30 commissaires et 30 suppléants avec l’encadrement des spéciales. Il faut en prévoir 10 de plus à ajouter surtout au dernier moment. Alors il faut tabler sur 40 par spéciales.

Actuellement, clairement, c’est mon plus grand souci. Je ne sais pas encore. Nous sommes dans les premières démarches pour établir un prévisionnel. En fonction de ce qu’il sortira début avril, il faudra faire appel aux motos clubs d’autres secteurs. Mais cela implique, ce que nous voulons particulièrement cette année éviter, des hébergements et donc des budgets plus lourds. Plus les volontaires sont locaux, et mieux ça vaut pour nos budgets non extensibles.”

Jusqu’à quelle date les commissaires de courses doivent-ils s’annoncer pour compléter l’équipe ?

“Pour compléter les équipes, on peut très bien mettre un commissaire avec un suppléant non formé. Cette année, c’est très clair : il n’y aura pas de formation du tout. Donc il faut mettre un commissaire titulaire confirmé avec un débutant qui ainsi sera très bien accompagné. Ce novice pourra mieux s’investir, apprendre sur le tas, voir comment tout cela se passe.

De toute façon, à supposer que tous les postes soient tous remplis, ce qui n’est pas gagné, toutes les bonnes volontés sont à prendre. Ces nouveaux volontaires peuvent ensuite s’investir pour continuer et c’est tout bénéfice pour tout le monde.

Dans tous les cas, l’équipe de base est bouclée un mois avant mais après il nous faut ajuster en fonction des défections.”

Quelle doit être la disponibilité des commissaires de course ?

“Pour les commissaires de piste, ils doivent être absolument disponibles un minimum pour la journée à partir de 7h30 à 1 heure du matin en moyenne.

Pour un suppléant novice en découverte, il peut tout aussi bien être là que le matin, ou que l’après-midi, donc une demi-journée. Ce ne sera pas le cas du commissaire titulaire bien sûr. Lui doit rester sur son poste toute la journée.

C’est déjà assez compliqué l’organisation des postes, la distribution et ce, bien sûr, à cause des défections de dernières minutes. Alors généralement, il y a très peu de changement sauf parfois quelques rotations, mais ça reste très rare. Quant au dimanche, la disponibilité est fonction de la bonne volonté de chacun pour aider bénévolement pour rester sur l’action du week-end. Quant au vendredi qui précède l’épreuve, il s’agit des préparatifs : les bénévoles, et pas spécialement les commissaires, doivent mettre les balises, préparer les spéciales.

Le “pic” reste le jour “J” soit le samedi où là, vraiment, nous avons besoin de toutes ces personnes sur la piste car pas de commissaires = pas de course tout simplement.”

UN MONDE DE PASSIONNÉS(ES) AVANT TOUT

Julien Costerousse termine l’interview par un commentaire qui lui tient à cœur :

 …“Il y a vraiment un côté rassembleur car autour de la passion de la moto, il existe une grande émulsion. C’est indéniable : les retrouvailles autour de cet événement nous permettent de retisser des liens, d’élargir, grâce au bouche à oreille, le cercle de connaissances. Et puis, n’oublions pas qu’en dehors du Rallye routier des Coteaux, le club moto c’est aussi les balades en moto, la vie autour du rallye qui est très sympa à connaître. On peut dire qu’il s’agit vraiment d’un réseau, d’un noyau fort, qui se construit au fil de l’année et des partages conviviaux. Dans tous les cas, les rallyes ou les courses de côte sont un monde à découvrir. Il y règne une très belle et bonne ambiance avec au bout de tout ça un petit sacrifice d’un week-end dans l’année. Et puis, ces sorties moto sont l’occasion de petites bouffes entre motard(es) et c’est encore la meilleure façon de l’exprimer par ce partage. Par les temps qui courent, il s’agit des casse-croûtes sortis du sac. Vivement que tout cela reprenne pour cette saison qui démarre.”

Claire MOLLIEN

Responsable communication du R.A.M.P.

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By claire / Editor on Avr 05, 2021